Annulée en 2020 pour cause de Covid, cette journée s’est vécue le 14 juin en visio conférence, les conditions sanitaires n’étant pas encore assez bonnes pour réunir autant de personnes. L’échange sur la manière dont ont été vécu les quinze derniers mois a montré de nombreuses convergences. Ce fut un temps de questionnement, de lassitude, de frustration, mais aussi une période d’intense créativité pour maintenir une vie d’Eglise, une occasion de toucher des personnes sur le seuil des Eglises, un encouragement à mettre en place des actions diaconales (marché communautaire, visite aux isolés). Et par-dessus tout, un temps auquel il a fallu donner sens.
Donner du sens
c’est le projet de la Fondation John Bost. Son Directeur général, le pasteur Christian Galtier, a témoigné de son expérience de pasteur « Envoyé ». Il a insisté sur les liens entre les Eglises et les Œuvres du protestantisme. Partant du constat que la manière de vivre le protestantisme prend plusieurs formes (évangélisation, référence culturelle et identitaire, engagement éthique et militant), il plaide pour que « l’Eglise et les œuvres proposent une palette de lieux possibles où chacun pourra nourrir et développer ses appétences ou ses besoins spirituels et théologiques, identitaires et communautaires, militants et comportementaux. Si elles le font séparément se développera le syndrome des silos ecclésiologiques où l’on retrouvera des gens qui réfléchissent sans jamais agir, des gens qui agissent en oubliant de réfléchir et des gens qui se crispent et défendent une identité ».
Orienter l’action
Pour donner une cohérence au travail commun qu’il appelle de ses vœux, Christian Galtier, à la suite de bien d’autres, veut développer une « Diaconie du sens ». Non pas pour donner du sens, mais pour orienter l’action. « Je défends l’idée qu’on ne donne pas du sens mais que l’on rappelle le sens c’est-à-dire que l’on rappelle l’intention qui a présidé à un geste ou une situation. Le sens, l’intention, l’appel, la direction tout cela mobilise l’action, l’engagement des acteurs vers un objectif commun ».
L’expérience de Christian Galtier a bien montré que la coopération entre institutions protestantes est facilitée lorsque des ministres de notre Eglise font le lien. C’est tout l’intérêt d’avoir des ministres Envoyés dans telle œuvre ou telle Eglise sœur. La mission de l’Eglise nécessite une complémentarité entre ministères généralistes et spécialisés, ministères en France et à l’étranger. Et Christian Galtier de conclure : « L’alternance entre différents types de ministère est une chance pour les ministres comme pour l’Eglise ». Ce témoignage a nourri le débat sur le thème synodal actuellement à l’étude dans l’EPUdF « Mission de l’Eglise et ministère ». La contribution des ministres Envoyés sera transmise aux rapporteurs nationaux et nourrira les débats à venir. Notons une interpellation forte : la tension et la complémentarité entre ministères généralistes et spécialisés doivent être travaillées. L’envoi dans un ministère d’Envoyé devrait faire l’objet d’une reconnaissance, notamment liturgique.
Didier Crouzet.