La liturgie du culte dominical et des fêtes
La liturgie: un mot souvent mal compris dans le protestantisme, où il évoque au mieux la collection de répons qui accompagnent la prédication et la prière, au pire la répétitivité de rites qui seraient contraires à I’expression personnelle de la foi et étoufferaient toute spontanéité. Or, si elle peut devenir carcan ou faux décor, la liturgie est avant tout instrument de liberté et de respiration pour la foi. En effet, l’étymologie grecque du mot « liturgie » peut permettre de traduire le terme par « service public ». La liturgie : service public de la foi, action du peuple, pour le peuple.
La liturgie comporte trois caractéristiques:
Elle est service de Dieu, service divin, et dans ce sens synonyme de culte (comme le rend bien le terme allemand « Gottesdienst »). Elle réalise partiellement et par anticipation la fin (le terme et I’objectif) de toute vie: être en communion avec Dieu, le louer et chanter sa gloire.
Elle est ensuite service du peuple et de la communauté : en participant au culte, nous nous « rendons service » mutuellement. Nous sommes encouragés par la communion vécue à travers la Parole proclamée et le Repas partagé. Mais nous sommes aussi confortés par la seule présence des autres, qui nous atteste la présence du Christ lui-même: « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » Matthieu 28.20.
Elle est enfin action, c’est-à-dire qu’elle suit un ordre, une organisation (préparation du lieu et des intervenants) et propose des gestes (se lever, s’asseoir, s’agenouiller, lire, écouter, parler, chanter, prier, se saluer, partager le pain et le vin…). Cette action rend visible le fait d’être chrétien, elle est une forme d’incarnation de la foi, qu’elle soutient et exprime publiquement.
La nouvelle liturgie luthérienne des dimanches et des fêtes est une expression de ce service et de cette action : elle est le fruit d’un travail collectif de longue haleine au service de l’Église dans son sens le plus universel. S’inscrivant délibérément dans la tradition luthérienne, elle puise ses fondements dans les trésors de l’Église ancienne et s’oLlvre aux expressions contemporaines de la foi. Elle incarne ainsi le fait que le service divin n’est ni rabâchage ni improvisation. Les textes proposés ont été soigneusement choisis pour exprimer à la fois la continuité et la nouveauté de la foi. À la manière des psaumes, jaillis d’un cri de détresse ou d’un chant de louange, ils ont été « distillés » pour devenir des textes essentiels comme un alcool précieux, qui, lorsqu’on le goûte, exhale à nouveau ce cri de détresse ou ce chant de louange pour moi, pour nous, aujourd’hui.
La liturgie nous rappelle que la foi est une aventure communautaire, dans le temps et dans I’espace. Si nous sommes croyants, nous le sommes parce que d’autres avant nous ont cru et nous ont transmis le message qui les a fait vivre. Si nous demeurons dans la foi, c’est parce que d’autres autour de nous partagent cette foi, et que nous nous y encourageons mutuellement. Puisse cette nouvelle liturgie contribuer à l’immense chaîne de foi, d’espérance et d’amour qui traverse les siècles et les continents !
Christian ALBECKER,
Président du Directoire de l’Eglise Protestante de la Confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine