Décès du professeur André Gounelle

Le pasteur et professeur André Gounelle est décédé ce dimanche 4 mai à Montpellier à l’âge de 92 ans.

Professeur émérite de théologie systématique à la faculté de théologie protestante de Montpellier, il a marqué des générations d’étudiants en théologie et plus largement la théologie du XXè siècle par sa pertinence et sa pédagogie. Il reste le spécialiste de la pensée du théologien Paul Tillich. Il était un des principaux représentants de la pensée théologique libérale au sein du protestantisme français contemporain.

 

Son parcours pastoral

André Gounelle a été reconnu pasteur de l’Eglise réformée de France (ERF) en 1958, après un proposanat à Lyon. Il fait son service militaire en Algérie, où il sera aumônier assistant.

De 1961 à 1963 il est directeur des Etudes à la faculté de théologie de Montpellier, ce qui lui permet de poursuivre ses études vers un doctorat qu’il obtiendra en 1967.

Il est pasteur à Dijon de 1963 à 1966, puis à Nîmes-Oratoire de 1966 à 1970, année où il est nommé professeur de dogmatique à l’Institut protestant de théologie, faculté de Montpellier, poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1998.

 

Une ligne théologique pertinente

En ce qui concerne sa réflexion sur Dieu, il a expliqué qu’elle partait de son expérience personnelle : « La réalité objective, extérieure, de Dieu que j’ai constatée dans le monde de ma jeunesse m’a marqué et influencé parce qu’elle a rencontré en moi une conscience interne et intime de Dieu. J’ai toujours eu le sentiment d’une présence dans ma vie, qui m’accompagne et me mobilise, qui parfois me dérange et me bouscule, qui également me soutient et me réconforte. Cette conscience ne va toutefois pas sans interrogations ; j’éprouve une forte nécessité intérieure de la penser et de la comprendre. Je ne peux ni ne veux en rester à un sentiment. Je porte en moi une exigence d’intelligibilité. »

Il refuse donc une foi « crédule » (établie sans ou contre la raison) tout comme une foi « prouvée » (qui estimerait s’appuyer sur des raisonnements contraignant à croire) et veut élaborer une foi « crédible » cherchant à tisser des liens entre les convictions doctrinales et une compréhension globale, mais aussi rationnellement possible, de la réalité. Sans perdre de vue, aussi, que selon les temps et les lieux l’expression de la foi, tout comme celle de la dogmatique, ne peuvent manquer de se modifier. André Encrevé, Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours.

 

Il a publié de nombreux ouvrages de pédagogie et d’analyse théologie, notamment aux éditions Olivétan. 

Son dernier livre en 2021 : Théologie du protestantisme éd Van Dieren est une somme théologique des courants de  la Réforme à nos jours sur la perception de la Bible et de la théologie et ses croyances et doctrines.

Il a été membre du Conseil national de l’ERF de 1987 à 1998.

Le service d’action de grâce aura lieu le samedi 10 mai à 14h30

au temple de Maguelone à Montpellier.

 

 

Que Dieu soit esprit signifie qu’en lui se trouve la lumière qui nous éclaire et la force qui nous anime.

Il apporte du sens ;

il faut donc se refuser à l’obscurantisme religieux qui se complait dans le mystérieux et l’incompréhensible ou qui cultive l’absurde.

Il nous apporte la puissance ; il agit en nous, oriente et réoriente notre existence ;

il nous met au travail.

Que Dieu soit esprit veut dire qu’il n’est pas inerte, mais vivant, qu’il génère non pas ordre, mais mouvement, et qu’il nous appelle à ta liberté, à l’inventivité, et non à la passivité et à la résignation.

André Gounelle,

in Penser la Foi, Yan Dieren Éditeurs, 2006

Paru dans Le Nouveau Messager, mai 2025

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