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Qu’est-ce que la théologie pourrait donc dire à ce sujet, sinon des banalités : on ne peut s’en passer, mais mieux vaut s’en méfier, car l’idolâtrie n’est pas loin… ?
Mais une théologie de l’argent s’avère aussi stimulante et prometteuse. Pour plusieurs raisons. D’une part, parce qu’en christianisme, la foi en un Dieu incarné ne laisse de côté aucun aspect de notre existence : la théologie ne s’intéresse pas seulement à la Création et à la Rédemption, à l’œuvre du Christ et au Salut, mais prend au sérieux tout ce qui fait notre vie ; et qu’y a-t-il de plus quotidien que l’argent ?
D’autre part, parce qu’en protestantisme, le principe du Sola Scriptura nous oblige à reconnaître la place éminente accordée à l’argent dans les textes bibliques ; l’Écriture n’est certes pas un traité d’économie, car elle ne parle jamais objectivement de l’argent, mais toujours de façon existentielle, de mon rapport à l’argent.
Enfin, parce que dans une revue de culture protestante comme Foi & Vie, nous avons à cœur d’articuler nos convictions aux mouvements profonds de notre société ; or, nous ne pouvons oublier, notamment depuis le livre pionnier de Jacques Ellul : L’homme et l’argent (1954), que l’argent dans notre modernité n’a plus rien d’une institution profane, d’un mécanisme purement économique ; il s’agit bel et bien d’une puissance spirituelle à l’œuvre dans nos vies. Promouvoir un regard théologique sur l’argent devient donc une urgence.
Or, force est de constater que cet aspect fondamental et décisif de notre existence quotidienne demeure, sans mauvais jeu de mots, le parent pauvre de la théologie…
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