Reconnaissance et confiance

Communiqué de la pasteure Emmanuelle SEYBOLDT, Présidente du Conseil national de l’Eglise protestante unie de France - Paris, le 8 mai 2020.

Frères et sœurs,

C’est avec reconnaissance et confiance que je vous écris aujourd’hui.

Reconnaissance d’abord, parce que je sais tout ce que vous avez mis en œuvre ces dernières semaines pour manifester la communion fraternelle aux personnes isolées, pour soutenir celles qui sont dans la peine et pour aider celles qui manquent de tout.

Les Églises locales et les Entraides ont fait preuve d’une grande imagination pour poursuivre leur mission d’annonce de l’Évangile en paroles et en actes alors que les déplacements et les réunions étaient empêchés.

Je rends grâce à Dieu pour la vie plus forte que la mort et tout ce qu’il a rendu possible dans ce temps d’enfermement et de privations.

Confiance ensuite, parce que cette épreuve n’est pas terminée et que nous devons aborder les jours qui viennent avec responsabilité.

Le Premier Ministre et le Ministre de l’Intérieur n’ont pas annoncé à quelle date serait de nouveau possible la célébration du culte. Fin mai, début juin ? Le suspense reste entier ! Toujours est-il que le jour où cela sera possible, les conditions seront précises (gel hydroalcoolique à l’entrée, sièges espacés d’au moins deux mètres, désinfection des lieux et des objets, circulation régulée des personnes pour entrer et sortir…).

Il sera de la responsabilité de chaque conseil presbytéral de mettre en œuvre très concrètement les mesures nécessaires pour respecter ces consignes, s’il souhaite que le culte puisse être célébré, après avoir vérifié auprès de sa préfecture d’éventuelles mesures locales particulières.

Lorsque la célébration du culte sera à nouveau possible, sans doute avec un nombre de personnes limité, faudra-t-il déployer encore beaucoup d’imagination pour permettre notamment que les personnes « non connectées » soient prioritaires pour y participer tandis que d’autres le suivront encore à distance. La solidarité se manifestera ainsi.

Au-delà du culte, maintenant qu’il est possible de sortir librement de chez soi, chaque conseil presbytéral va évaluer quelle est la priorité pour la communauté dont il a la charge. Une question peut aider à discerner cette priorité : quels sont les membres qui ont le plus souffert du confinement et auraient le plus besoin d’accompagnement ? Quelles sont les personnes avec lesquelles nous n’avons pu garder le lien d’aucune manière ? Maintenant que la liberté de circulation est retrouvée, les visites, les réunions à la maison en tout petit groupe (en prenant toutes les précautions nécessaires) manifesteront à ces personnes qu’elles ont toute leur place au sein de la communauté.

Je pense aussi aux personnes qui ont perdu un proche sans pouvoir lui dire adieu et aux soignants qui ont accompagné ces fins de vie dans des conditions terribles. Des temps ritualisés devront être imaginés pour mettre des mots sur la souffrance.

Je sais que beaucoup d’entre nous sont pressés de retrouver la vie « normale ». Mais puisqu’il nous faut en passer par là, tirons profit de ce qui nous est imposé pour passer au crible notre vie d’Église. Durant ce temps hors du commun, qu’avons-nous découvert d’essentiel sur la mission de l’Église ? Qu’avons-nous fait que nous n’aurions pas cru possible ? Quels manques ont été révélés ? Que voulons-nous garder et que voulons-nous abandonner de notre « vie d’avant » et des expériences faites ? Que découvrons-nous comme besoin pour vivre notre mission dans ce nouveau contexte ? Cela peut être l’occasion d’un nouveau départ pour notre Église.

Et dans notre vie sociale ? Avec tant d’autres, j’aimerais que ce temps nous permette de prendre également un nouveau départ pour une société plus humaine, plus juste, plus respectueuse de la Création. Mais je sais aussi que les résistances sont très fortes et que les habitudes reviennent vite. À chacun et tous ensemble d’agir là où nous sommes pour transformer ce temps de mort et de deuil en occasion de vie nouvelle pour le monde.

Frères et sœurs, nous ne sommes pas seuls. Le Christ nous a donné le Consolateur, l’Esprit saint qui est avec nous dans la joie comme dans la peine. Soyons sans crainte, Il est fidèle.

Fraternellement,

Emmanuelle SEYBOLDT

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