Saurons-nous sortir des injonctions paradoxales pour la soutenir dans son évolution ?
Le Salon de l’agriculture 2024 a rassemblé comme chaque année bêtes, fruits, légumes, spécialités culinaires, invitations au tourisme, et connu ses manifestations bruyantes et ses visites de femmes et hommes politiques. L’actualité avait préparé le terrain par une nouvelle vague de mécontentement agricole.
Derrière l’unité affichée dans ces manifestations se cachent de grandes disparités de modèles économiques et de réalités agronomiques. Outre la très large dispersion des revenus, qui jette un doute sur la supposée communauté d’intérêts des agriculteurs, il existe une différence fondamentale entre une agriculture mondialisée, de plus en plus financiarisée, et une agriculture productrice d’aliments pour les populations locales. Pourtant, le mythe de l’unité paysanne est instrumentalisé par certains pour agglomérer des revendications concernant inégalement ces deux secteurs de l’agriculture, et obtenir sous la pression de mauvaises réponses à de bonnes questions.
Une régression écologique
Reporter la réduction de l’usage des pesticides ? Les populations d’insectes s’effondrent en Europe et personne ne peut encore croire que cela n’a pas d’effet sur les écosystèmes agricoles qui nous nourrissent ! Comment la meilleure solution pour sortir de ce mauvais pas pourrait-elle être de continuer à utiliser toujours plus d’insecticides ?
Pour autant, les indispensables transformations de notre modèle alimentaire et énergétique passeront nécessairement par plus de travail humain. Or le travail agricole attire peu les jeunes : il est objectivement pénible, souvent mal rémunéré, et insuffisamment considéré. Par conséquent, malgré l’attrait global pour les « métiers nature », les filières de formation technique agricole ne font pas le plein.
Ce à quoi nous pouvons contribuer
Pour sortir des injonctions paradoxales que subissent les producteurs, et sans oublier que des changements systémiques sont également requis, comment pouvons-nous, comme citoyens, contribuer aux changements nécessaires ?
En changeant de regard sur les producteurs et leur métier, en allant à leur rencontre sur les marchés, par l’agritourisme, dans les AMAP, au sein du Mouvement d’Action Rural. En les soutenant spirituellement et matériellement, par nos choix de consommateurs. L’alimentation représente aujourd’hui en moyenne seulement 5 % de notre budget, contre 20 % il y a 100 ans. Nous savons que la demande en produits de haute qualité environnementale stimule la production : ainsi, le bio représente aujourd’hui 11 % des surfaces agricoles, contre 2 % il y a 20 ans. L’agriculture sera une partie de la solution si nous savons, individuellement ET collectivement, soutenir l’évolution de notre système alimentaire.
Pour aller plus loin
- Un panorama de l’agriculture en France − Transformations de l’agriculture et des consommations alimentaires | Insee
- Déclin des insectes : l’urgence d’agir | CNRS Le journal
- Agritourisme : tous à la ferme ! | Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire