Depuis 1905 / Une famille spirituelle comme les autres
Acquis de longue date aux principes de la laïcité, le protestantisme accepte la Séparation des Églises et de l’État (1905) et s’organise au sein de la Fédération Protestante de France. Les familles réformées s’unissent presque toutes en 1938 autour d’une Déclaration de Foi commune, constitutive de l’Église Réformée de France.
L’Église évangélique luthérienne de France (EELF) est principalement implantée dans le pays de Montbéliard et à Paris. Dans le Pays de Montbéliard, le protestantisme est depuis l’origine luthérien d’identité et réformé de théologie ; son histoire l’a lié au Duché de Würtemberg. À Paris, l’Église luthérienne est issue des assemblées qui se réunissaient dans des ambassades de pays luthériens dès le XVIIe siècle et s’est beaucoup renforcée avec les réfugiés alsaciens de 1870. Un processus d’union qualifié d’« historique ».
Historiquement, luthériens et réformés se sont principalement opposés sur la compréhension de la sainte cène (= repas du Seigneur, eucharistie). Ils se sont aussi distingués sur le rapport à l’autorité politique, l’articulation de l’éthique et de la foi, la liturgie, etc.
Des efforts d’unité ont été menés depuis 1529. L’évolution décisive est venue au XXe siècle, avec le mouvement œcuménique. Né en 1910 à l’occasion de la conférence missionnaire d’Édimbourg, ce mouvement a pris son ampleur avec la fondation du Conseil œcuménique des Églises (1948), puis le dialogue interconfessionnel rendu possible par le concile Vatican II (1962). Sur le plan luthéro-réformé, la déclaration de Barmen (1934) dénonçant théologiquement le nazisme et la Concorde de Leuenberg (1973), accord liant des dizaines d’Églises protestantes en Europe, ont été des étapes marquantes vers l’unité.
Pour les protestants luthéro-réformés, cette unité est comprise comme une « diversité réconciliée » : dès lors que le consensus est acquis sur ce qui est au cœur de l’Évangile et de la vie de l’Église (l’amour inconditionnel et libérateur de Dieu est premier, les chrétiens sont appelés à en témoigner en Église), toutes les diversités sont positivement reçues. L’union n’est donc ni l’uniformité, ni la fusion-absorption.